enraciné

enraciné

⇒ENRACINÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de enraciner.
II.— Emploi adj.
A.— [En parlant d'une plante] Qui a pris racine. Je sentis l'odeur d'un figuier enraciné dans la muraille (THARAUD, An prochain, 1924, p. 82).
P. anal. Qui est implanté solidement. [Un charlatan] se faisait fort d'enlever sans douleur (pour lui-même) les chicots les plus rebelles et les mieux enracinés (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 296). Le nez fort et fortement enraciné (RAMUZ, A. Pache, 1911, p. 119).
P. métaph. [En parlant d'une pers.] Immobilisé. L'esprit comme vidé par cette fébrilité bourdonnante, cette tension des nerfs qui le maintenait debout, enraciné, il ne pensait à rien (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 67).
B.— Au fig.
1. [En parlant d'une pers.] Qui est fixé dans un lieu, attaché à un lieu. Ces Andarran sont originaires du Bigorre. Vieille souche de cultivateurs et de soldats, enracinés au sol provincial (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 86). Maintenant, il me semble ne vivre plus que pour posséder ces murs, me sentir enracinée en vraie terre (...) Mon Dieu, quelle envie sordide (AYMÉ, Mais. basse, 1934, p. 22).
P. ext. Qui est établi dans un milieu social. Jaloux entre, déjà plein d'assurance et enraciné dans Paris (GIDE, Journal, 1917, p. 624).
Emploi subst. Personne profondément attachée à sa terre, son milieu d'origine. Anton. déraciné. Barrès n'a peint profondément que des déracinés ou des enracinés lorrains : Sturel, Renaudin, etc. (MAURIAC, Du côté Proust, 1947, p. 66). Je lui inspirais [à merveille] (...) cette sorte d'admiration mêlée de pitié que les enracinés surtout du sexe féminin et un peu meurtris, vouent aisément aux vagabonds (ARNOUX, Zulma, 1960, p. 261).
2. [En parlant d'un sentiment, d'un comportement, d'un principe] Qui tient à la nature profonde de quelqu'un. Selon certains préjugés trop puissamment enracinés pour qu'on les extirpe, noblesse de cinq siècles vaut mieux que noblesse de vingt ans (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 104). Aucun pays, au monde, ne conservait aussi enraciné le culte de ses arrière-grands-pères (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 716) :
1. La grâce lui donnait son dernier coup; elle ôtait d'elle l'attachement le plus fort et le sentiment le plus enraciné : la passion de vivre, la terreur de mourir.
GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p. 286.
Constr. partic. [L'adj. qualifie une pers. qui tient fortement à une manière d'être] La population, enracinée dans ses coutumes (...) tient avant tout à ses manifestations religieuses (LORRAIN, Heures Corse, 1905, p. 71).
3. Qui se rattache à quelque chose pour y trouver sa source, les éléments de sa force, de sa vitalité. À la conception des tribus nomades pour qui n'existe que l'instant, la communauté agricole substitue celle d'une vie enracinée dans le passé et s'annexant l'avenir (BEAUVOIR, Deux. sexe, t. 1, 1949, p. 115) :
2. ... ce vieux bonhomme (...) est néanmoins un de nos contemporains, enraciné dans le même temps que nous, — je veux dire : faisant partie de ce monde qu'a bouleversé la guerre 1939-1944.
MARTIN DU GARD, Souvenirs autobiographiques et littér., 1946-47, p. CXXX.
Fréq. abs. littér. :234. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 303, b) 277; XXe s. : a) 240, b) 442.

Encyclopédie Universelle. 2012.

Игры ⚽ Нужно решить контрольную?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • enraciné — enraciné, ée (an ra si né, née) part. passé. 1°   Qui a pris racine. Un arbre enraciné sur ce monticule.    Qui a beaucoup de racines, beaucoup de chevelu, en parlant d une plante. 2°   Fig. •   Cette haine des rois Pour l arracher des coeurs est …   Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré

  • enraciné — Enraciné, Estre fort enraciné, Habere radices altas. Mal qui est enraciné, Malum quod iam insedit B. ex Cicerone. Ceste maladie est enracinée en toy, Penitus sedit hic tibi morbus …   Thresor de la langue françoyse

  • enraciné — Enraciné, [enracin]ée. part. Un arbre bien enraciné. un mal enraciné …   Dictionnaire de l'Académie française

  • enraciné — adj. anrassinâ / êrassinâ, âye / â, é (Saxel / Albanais). E. : Inactif …   Dictionnaire Français-Savoyard

  • Arbre enraciné — Pour les articles homonymes, voir Arbre (homonymie). Un arbre binaire En théorie des graphes, un arbre enraciné ou une arborescence est un graphe acy …   Wikipédia en Français

  • enraciner — [ ɑ̃rasine ] v. tr. <conjug. : 1> • fin XIIe; intr. « prendre racine » fin XIIe; de en et racine 1 ♦ Faire prendre racine à (un arbre, une plante). S ENRACINER v. pron. Prendre racine. « Les plantes marines s enracinent sur les rochers »… …   Encyclopédie Universelle

  • Arbre (combinatoire) — Pour les articles homonymes, voir Arbre (homonymie). Un arbre possède des propriété structurelles, par exemple enraciné ou non enraciné, plans ou non plans, labellisé ou non labellisé. En combinatoire, on compte le nombre de tels arbres possédant …   Wikipédia en Français

  • enraciner — (an ra si né) v. a. 1°   Faire prendre racine à. Enraciner un arbre. •   La joubarbe, la menthe et ces fleurs parasites Que la pluie enracine aux parois décrépites, LAMART. Joc. VI, 222. 2°   Fig. Fixer par des attaches morales comparées à des… …   Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré

  • Cladistique —  Ne doit pas être confondu avec Cladistia. La cladistique (du grec ancien κλάδος, klados, signifiant « branche »), aussi appelée systématique phylogénétique, est une théorie de classification phylogénétique. Précisément, la… …   Wikipédia en Français

  • Arbre (probabilité) — Pour les articles homonymes, voir Arbre (homonymie). En théorie des probabilités un arbre aléatoire est un arbre défini en utilisant une loi de probabilité sur un ensemble d arbres (au sens de graphe). Par exemple, un arbre aléatoire à n nœuds… …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”